dimanche 10 mai 2020




Les nomades nous ont transmis leur culture, leurs valeurs, leurs sagesses. En voici neuf qui peuvent bousculer vos croyances ou vous faire envisager d’autres possibles, pour mieux vivre notre monde sédentaire et mouvant. Des rencontres avec des animaux nomades sont l’occasion de visiter ces qualités ancestrales et capacités aujourd’hui parfois oubliées. Laissez-vous attirer par ces sagesses et les options proposées pour vous donner l’occasion de les vivre !  Il suffit de cliquer sur les médaillons des animaux pour naviguer entre ces pages.Pour télécharger les neuf sagesses nomades, cliquez ici

L’araignée, gardienne de sa toile qu’elle reconstruit vaillamment au gré de ses besoins, nous parle du temps suspendu mais bien présent.



La jument, sauvage et adaptée, nous parle de liberté sous contrainte au cœur du libre-arbitre.

La cigogne, insatiable oiseau migrateur, voyage léger et nous enseigne les priorités.

Le héron, souvent seul et pensif, nous entraîne vers la prise de conscience de notre individualité sans individualisme.

Le moustique, nomade attentif et vigilant, appelle à écouter nos intuitions et à capter l’opportunité.

La fourmi, propriétaire toujours provisoire, nous apprend le partage, le don et l’humilité.

L’escargot nous invite à ralentir et à prendre notre temps, tel qu’il se présente.

Le lézard nous invite à la simplicité : faire simple, ôter et se focaliser sur l’essentiel pour faire face à la complexité.

Le pinson, joyeux oiseau qui n’attend que ça pour changer de jardin, nous fait aimer l’inconnu.

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©Yann Coirault- 2020- Illustrations ©Karine Saigne 2018


dimanche 3 mars 2019

"Sagesses nomades" Extrait : le pinson



A ce moment, le voyageur entendit un bruit aux carreaux de sa fenêtre. Il se tourna et vit un oiseau qui le regardait avec ses yeux ronds. Il se leva doucement et ouvrit la fenêtre. 
- Bonjour bel oiseau. Tu ne serais pas un pinson ?
- Bonjour. Oui. Je suis effectivement un pinson. Vous êtes connaisseur ?
- Non, pas particulièrement. Mais, souvent les petits oiseaux des arbres de nos jardins sont des pinsons. Alors, je n’ai pas beaucoup de mérite. Pourquoi avez-vous cogné à mes carreaux ?
- Je le fais souvent. J’ai parfois la chance de tomber sur quelqu’un qui me laisse quelques miettes de pain ou d’autres choses.
- Oh ? Ne bougez pas. Je dois avoir quelques biscuits dans mon sac.
Le voyageur fouina dans les poches de son sac à dos et y dénicha un paquet de galettes.  Il en prit une et l’émietta sur la fenêtre.
- Merci, fit l’oiseau, après avoir prélevé une partie des miettes offertes par le voyageur.  C’est très bon.
- Vous avez l’air guilleret. Vous êtes tout le temps comme ça ?
- Je sais que, vous, les hommes disent « gai comme un pinson ». Il doit y avoir une raison ?!
- Vous avez un chant tellement joyeux.
- Merci. C’est gentil.
- Je sais que les chants des pinsons se ressemblent lorsqu’ils appartiennent au même territoire.
- Oui. C’est pour reconnaître d’éventuels intrus qui viendraient d’ailleurs.
- Ah ! Et vous ? Vous est-il arrivé de changer de territoire ?
- Oui. C’est très amusant. Lorsque là où nous vivons présente moins d’intérêt, nous cherchons d’autres endroits où la vie est plus agréable. C’est très grisant. D’ailleurs. Je songeais à changer de territoire. Cette maison et son jardin sont très agréables mais j’ai envie d’en trouver une autre.
- Ah oui ? Et bien écoutez ! Je vais partir demain matin. Voudriez-vous m’accompagner ? fit le voyageur enthousiaste.
- Pourquoi pas. Où allez-vous ?
- Je rentre chez moi mais il me reste encore quelques jours de marche dans la vallée avant de rejoindre une ville où je pourrai reprendre un train.
- D’accord. Je vous suivrai demain.
- Parfait. Je dois redescendre maintenant. Ravi d’avoir fait votre connaissance. On se retrouve demain matin alors ?
- Avec plaisir ! fit l’oiseau avant de prendre son envol.

Du perron sur lequel était niché l’abri où il avait passé deux nuits, le voyageur contemplait le chemin qu'il avait décidé d’emprunter. Il descendait doucement vers une belle forêt. Il prit son temps pour profiter pleinement de sa promenade en levant les yeux vers le faîtage des grands arbres qui l’entouraient. A tout moment, il s’attendait à voir surgir une fée magnifique sur sa blanche licorne. Les bruissements des insectes sous les feuilles mortes, les oiseaux fuyant son passage en produisant des concerts de percussion dans les arbres, les résonances d’eaux tourbillonnantes sous les racines noueuses des chênes centenaires, toute cette symphonie l’emmenait, l’entrainait, le menait vers cet endroit bizarre où le temps et l’espace ne sont plus que des impressions présentes, la réalité, un flou enchainé, le futur, une hypothèse. Il savait qu’il arrivait au bout de son périple et se remémorait ses rencontres.
Elles étaient tellement incroyables, tellement improbables, tellement imprévisibles, qu’il aurait surement du mal à en parler, au risque d’être pris pour un doux dingue sorti de son nuage. Elles étaient aussi tellement sensées, tellement cohérentes, tellement simples qu’il se disait qu’elles étaient comme un message à transmettre.

L’araignée avait bousculé d’entrée les notions du temps et de l’espace qu’un nomade pouvait avoir. Il voyait dans cet insecte un modèle d’immobilisme, centré d’abord sur son seul espace vital. Et cela préfigurait ce qu’il allait découvrir avec l’escargot : la perception de l’ampleur de l’espace est primordiale dans l’idée que l’on se fait de la sédentarité ou de la mobilité. Le nomadisme se fait à la mesure de ce que l’on connaît. En tous cas, il commence par cela, quitte à élargir son univers petit à petit.

La jument l’avait touché par sa capacité à accepter son statut de « prisonnière libre ». Elle se disait heureuse et épanouie dans un cadre limité par les fils électriques de son champ. Elle lui avait même dit qu’ils avaient créé d’autres règles pour garantir cette liberté : le partage de la nourriture était à la fois un signe de bienvenue et un rituel obligatoire. 

Les cigognes, avec leur bonne humeur, l’avait bousculé profondément sur la manière de conduire sa propre vie : rester léger, choisir le chemin le plus favorable et faire du nomadisme un jeu pour abaisser la pression des enjeux qu’il peut provoquer. Savoir s’alléger aussi des vieux démons. Savoir se préparer en ne gardant que l’essentiel pour ne pas risquer de trainer des poids inutiles. Au lieu de s’entêter à rester sur un chemin compliqué, semé d’embûches, et qui ne correspond pas à ce que l’on souhaite, il est préférable de changer de voie pour chercher un environnement plus favorable, plus simple, plus facile et plus en correspondance avec ce que nous sommes capables ou ce que nous souhaitons expérimenter. Les voies compliquées sont rarement les bonnes. La simplicité reste souvent l’apanage des choix judicieux.

Le héron l’avait frappé par sa capacité à rester seul. Et la solitude faisait aussi partie de cette évolution. Le changement, parce qu’il est difficile, devait se vivre seul à un moment donné, pensait le voyageur. Le nomade en permanence confronté à la solitude dans ses difficultés, et ce, même entouré, devait développer des capacités à affronter cette absence pour générer une force solitaire, un courage individuel, une détermination unique pour surpasser les obstacles.

Le moustique blagueur lui avait appris que l’intuition et l’alerte permanente sont le lot des individus en dehors de leur environnement habituel. La méconnaissance d’un nouvel espace demande à rester en éveil, à sortir ses capteurs, à « voir » tout ce qui nous entoure. Dans le mouvement, rien n’est stable, tout bouge. Tout change, rien n’est acquis, rien n’est prévisible. Dans le changement, l’angélisme n’est pas de mise. La règle c’est le « ressort », l’exception, c’est la « roue libre ».

L’escargot, symbole même de la lenteur, lui avait permis de prendre conscience des différences de dimensions spatio-temporelles : un millimètre pour l’un, c’est un mètre pour l’autre, une seconde pour l’un, c’est une année pour l’autre. La lenteur n’était alors que perception, relativité, énergie. Lorsqu’il marchait, le voyageur ralentissait son rythme : il y voyait un intérêt primordial ; voir, sentir, percevoir, entendre ce qu’il ne voyait pas d’habitude. Il lui semblait qu’en réduisant sa vitesse, il décompressait l’espace en même temps que le temps. Et cela produisait des effets de bien-être pour soi et d’attention au monde qui lui semblaient caractéristiques du mode nomade.

Le lézard l’avait bluffé par sa simplicité d’être et d’agir. C’est probablement dans le dénuement et le vide que se trouvaient les plus grands accomplissements.

Le pinson enfin lui avait donné une image gaie du nomadisme : s’amuser à changer pour changer plus aisément.
Quel beau tableau du nomadisme lui avaient dépeint toutes ses rencontres miraculeuses !


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mardi 25 décembre 2018

"Sagesses nomades" (extrait) Le lézard : penser simple


Un lézard passa brusquement près du voyageur et le sortit de ses pensées. Il grimpa rapidement sur le mur de la maison, probablement pour s’y mettre au chaud. Il montait par à-coups avec une agilité déconcertante s’accrochant aux aspérités invisibles du mur. Parvenu à une hauteur acceptable, il s’arrêta, tourna la tête vers le voyageur et l’interpela ;
- Bonjour. Qui es-tu ?
Le voyageur ne sursauta même pas, tellement habitué maintenant à ce que les animaux lui parlent.
- Je suis un voyageur de passage ici. Et toi, tu es un lézard de passage ou tu résides régulièrement près de cette maison ?
- Comme tous mes congénères, je ne bouge pas beaucoup. S’il y a assez de proies, de soleil et d’eau, nous ne changeons pas beaucoup d’endroit. Et, toi, pourquoi tu n’as pas de territoire à toi? Tu dis que tu ne fais que passer.
Le voyageur s’aperçut que le lézard avait commencé par le tutoyer : un signe de proximité probablement.
- C’est temporaire ! Je suis de passage parce que je voyage. Sinon, j’ai aussi un chez moi où je vais bientôt retourner.
- Ah ! fit le lézard. Qu’est-ce que c’est un « chémoi » ?
- Une maison. On dit, chez moi, chez soi, chez lui …
- Ah ! Oui ! Pardon ! Comme je n’ai pas vraiment de maison, mon « chémoi » est un peu vaste
Le lézard ne manquait pas d’humour, lui non plus. Le voyageur se risqua à poursuivre la conversation sur le même mode.
- Sais-tu ce que veut dire « lézarder » pour nous ?
- Non, mais je sais ce que veut dire « humaniser » dans la nôtre
- Pardon ? fit le voyageur un peu interloqué.
- Oui, Monsieur. Et que croyiez-vous ? Que vous aviez l’unique privilège d’inventer des mots sur cette planète ? rétorqua le lézard, moqueur.
- Heu, non. Enfin, si ! Enfin, je ne sais pas ! balbutia le voyageur. Et quel est le sens du mot « humaniser » pour vous alors ?
- « Humaniser » pour nous veut dire « Rendre les choses compliquées »
- Ah bon ? Mais pourquoi ça ?
- Il n’y a qu’à vous observer pour constater que vous avez des vies compliquées. Déjà, tout seul, ça se voit. Vous n’arrêtez pas de faire des choses. Et puis, il suffit que vous soyez deux humains pour commencer à tout compliquer en parlant l’un avec l’autre !  De vraies pipelettes !
- Vous connaissez ce mot-là « pipelettes » ?
- Oui, fit le lézard en souriant. Il me rappelle les pies qui jacassent pas mal aussi.
Décidément, ce lézard était particulier.
- C’est drôle que vous ayez donné cette signification à notre espèce.
- Et que veut dire « lézarder » pour vous alors ? Je crois que je n’ai jamais entendu cette expression ici.
Le voyageur hésita à répondre au lézard, craignant d’être indélicat.
- Lézarder, comment dire, … lézarder, ça veut dire, .. enfin, ça signifie…
- Et bien, vas-y, dis-le ! C’est désagréable ? C’est ça ?
- Un peu, enfin, tu pourrais mal le prendre. … Lézarder, ça veut dire « Ne rien faire et si possible au soleil ».
- Ce n’est pas désagréable, c’est très vrai ! Contrairement à vous, à part manger, éviter de se faire manger et dormir au soleil, nous ne faisons pas grand-chose d’autre. Nous avons une vie simple.  Nous profitons de l’instant, de la beauté qui nous entoure, et voilà tout.
- Oui. Je comprends mais c’est un peu limité non ?
- Limité ? C’est-à-dire ?
- Et bien, à force de lézarder, tu ne t’ennuies pas ?
- Non. Pourquoi ? Aujourd’hui est différent d’hier, les couleurs ne sont pas les mêmes, le vent et la lumière non plus, les mouches n’ont pas tout à fait le même goût. Et c’est un éternel émerveillement que de voir les œufs de ses bébés se briser et de les voir s’échiner à sortir de leur coquille.
- Je comprends, fit le voyageur rêveur. Enfanter c’est merveilleux ! Tu viens de me donner une belle leçon, lézard ! Je te remercie beaucoup. Je crois que la prochaine fois que je lézarderai au soleil, je le ferai avec moins de culpabilité qu’aujourd’hui.
- Et moi, j’aurai une idée moins tranchée sur les humains : tu sembles quelqu’un de simple. Je file. Le soleil tourne, je vais changer de côté de maison. A bientôt peut-être.

Et le lézard partit à l’horizontale, tourna l’angle de la maison et disparut.


Copyright Yann Coirault 2018 - Illustrations Copyright Karine Saigne 2018
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dimanche 16 décembre 2018

Sagesses nomades (extrait) : l'escargot- Ralentir


La lumière rasante du soleil levant lui offrait une vue apaisante. Les poussières et les insectes volaient dans les cônes de lumière que laissaient filtrer les arbustes. Il régnait là comme un instant d’éternité, suspendu, concentré. Le voyageur prit une grande inspiration. Il ferma les yeux pour mieux profiter encore de l’instant magique qui lui était offert. Soudain, un doux bruissement de feuilles mortes le fit sortir de sa méditation. Le voyageur chercha des yeux d’où pouvait venir ce petit bruit. En fait, à quelques pas de lui, le bruissement provenait d’un escargot, les antennes fièrement pointées. Il glissait lentement vers lui, semblant vouloir attirer son attention.
- Ah ! Enfin un humain à peu près immobile.
Il baissa les yeux sur l’escargot qui, à un mètre de lui, continuait à avancer lentement, laissant sa trace de bave dans son sillage.
- Pourquoi dites-vous ça ? Bonjour, cher gastéropode !
- Oh, je vous en prie hein ? Pas de ronds de jambe avec moi.
L’expression « ronds de jambe » pour un escargot était un peu bizarre. Le voyageur se demanda où l’escargot avait pu entendre cette expression…
- Je dis ça parce que vous êtes d’une espèce très bizarre, continua l’escargot, un peu crispé.
- Ah ! Dites-moi pourquoi ? interrogea le voyageur un peu agacé de ces animaux qui avaient des griefs contre les hommes, comme si, lui, le voyageur, pouvait être le seul à recevoir toutes les critiques du monde animal vis-à-vis de l’espèce humaine.
- Eh bien, vous allez toujours trop vite ! trancha l’escargot avec une émouvante assurance.
- La vitesse est relative vous savez, fit le voyageur un peu étonné de ce reproche.
- Relative, relative. Evidemment ! Mais quand même ! Vous ne vous rendez plus compte de ce que vous faites. Moi, je passe mes journées ici, dans ce beau jardin et je peux vous assurer que j’en vois des vertes et des pas mures.
- Où êtes-vous allé pêcher cette expression ? sourit le voyageur
L’escargot, vexé, rentra ses antennes.
- Je ne voulais pas vous fâcher. J’étais juste étonné de vous entendre utiliser une expression très humaine, et ça pour la deuxième fois. Tout à l’heure déjà, « Ronds de jambe » dans votre bouche… essaya de se rattraper le voyageur.
Les antennes ressortirent, signe que l’escargot était à nouveau attentif.
- Figurez-vous que j’écoute beaucoup les discussions du jardin, se radoucit l’animal.
- Je suis épaté, vraiment.  Alors dites-moi !  Qu’est-ce qui vous agace autant chez nous ? questionna le voyageur, souriant.
- Vous ne savez plus prendre le temps, fit l’escargot, affirmatif.
- Pourquoi dites-vous ça ?
- Parce qu’avant, vous étiez plus lents qu’aujourd’hui. Je parle même du docteur que je vois souvent et que je connais bien. Eh bien, lui aussi, même s’il est très éloigné de ce que je peux entendre sur ce qui se passe dans vos villes, il va plus vite qu’avant.
- Alors cela veut dire que nous avons évolué, changé, pour devenir plus rapides, sans vraiment nous en rendre compte ?
- Surement une affaire de perception, reconnut l’escargot. Mais c’est plus une question de rapport au temps que vous avez peu à peu développé, je crois. Vous confondez action et agitation, rapidité et précipitation, mouvement et frénésie. Je sais bien que lenteur est pour les humains ressenti comme négatif.  Vous parlez de lenteur d’esprit, de lenteur de la Justice, de la lenteur de l’escargot… comme si c’était une infirmité que d’être un escargot. Je vous assure que je me sens très bien dans ma peau d’escargot.
- Je vous crois, fit le voyageur, pas trop convaincu.
- Savez-vous d’où vient le mot « lenteur » d’abord ? lança l’escargot en redressant sa tête, les antennes interrogatives.
- Heu, non, avoua le voyageur. Pourquoi ? Vous le savez, vous ?
- Eh bien, le mot « lenteur » vient du latin « lentor » qui veut dire « humeur gluante et visqueuse ».
- Je comprends mieux pourquoi vous connaissez l’étymologie de ce mot. Il vous concerne à deux titres, plaisanta le voyageur.
Il crut reconnaitre dans la physionomie du gastéropode quelque chose qui ressemblait à un sourire.
- Très drôle, fit l’escargot, narquois. Par extension, « lentor » a voulu désigner aussi tout ce qui est flexible et souple. Eh bien, je milite pour remettre le sens de ce terme au palmarès des mots positifs.
- Etonnant, reconnut le voyageur, encore estomaqué de la science dont faisait preuve cet animal. Nous avons, semble-t-il, perdu la signification de ce mot. Je sais pour ma part que dès que je me mets en marche, j’adopte un autre rythme, une autre attention, une autre prise avec ce qui m’entoure, c’est vrai. C’est à la fois très agréable et en même temps très désagréable quand vous avez programmé quelque chose. Regardez-moi, là. Je suis immobilisé pour au moins trois jours et je suis contraint de faire tout lentement à cause d’une blessure.  Pas très agréable, en fait.
- Bien sûr, je comprends. C’est comme si je ne pouvais plus du tout avancer à cause d’une blessure à mon pied. En même temps cela vous oblige à ralentir encore par-rapport à votre rythme déjà ralenti. C’est une expérience intéressante. Ne rien faire, ne pas s’obliger à agir, c’est aussi intéressant vous savez.
Amusé que l’escargot parlât aussi de son pied, ce qu’il venait de dire le poussa à lui poser une question.
- Mais si on ne fait rien, on n’avance pas ?
- Je n’ai pas dit qu’il ne fallait rien faire. J’ai dit que parfois se retrouver dans des situations où on ne pouvait rien faire pouvait être mis à profit pour mieux agir ensuite. Mais vous le savez aussi puisque vous l’avez expérimenté ; réduire sa vitesse fait voir les choses autrement.
- Oui, c’est vrai. Un jour, je marchais et j’ai vu au-dessus de moi passer un avion militaire. Il devait voler à deux mille kilomètres à l’heure alors que moi je marchais à quatre kilomètres à l’heure… Le décalage était impressionnant. Je savais que le pilote ne voyait rien de ce que je voyais.
- Et avez-vous conscience du décalage de vitesse de marche qu’il y a entre nous deux ? J’avance à peu près à quatre mètres par heure quand je suis en forme. Et oui ! Vous allez mille fois plus vite que moi… Comme le pilote de l’avion de chasse, vous ne soupçonnez pas ce que je vois, moi.
Cette remarque laissa le voyageur songeur. L’escargot continua sur sa lente mais inspirante lancée.
- La lenteur permet de se mettre naturellement dans une attitude de perception, d’attention plus forte, elle permet d’accéder à des détails de ce qui nous entoure que nous n’aurions pas soupçonnés.  Elle permet d’être plus disponible et du coup de prendre mieux en compte ce qui nous environne pour prendre de meilleures décisions. Tout le monde sait que quand on veut changer de direction, il faut commencer par ralentir, non ?
Sans laisser le voyageur reprendre la parole, l’escargot vraisemblablement intarissable sur le sujet, poursuivit.
- Quand les choses se passent trop vite, personne ne peut être sûr de rien, de rien du tout, même pas de soi. Ralentir, c’est commencer par se donner plus de temps pour analyser, plus de temps pour voir, se souvenir, sentir les choses. Vous savez ? Moi je me retrouve souvent dans des labyrinthes végétaux inextricables. Si je ne prenais pas le temps de me souvenir des endroits par lesquels je suis déjà passé, de regarder attentivement les espèces végétales, les pentes, les trous, les couleurs, je ne pourrais jamais trouver la sortie. Regardez ce massif de buis : je m’y suis souvent perdu. Si vous vous y égarez et que vous foncez droit devant vous, vous y passez le reste de votre vie… en tant qu’escargot, je veux dire.
Le voyageur sentait possible d’intervenir à ce moment-là. Il saisit l’occasion.
- Je peux vous faire partager une confidence ?
- Avec grand plaisir, fit l’escargot frétillant lentement.
- Un de mes enfants dans ses premières années avait une caractéristique, comment dire, un peu gênante et, notamment, le matin, un peu stressante… Il était d’une lenteur affligeante. D’ailleurs, il adorait les tortues. Il en faisait collection. C’était son animal préféré.  Les réveils étaient pour le moins laborieux, les petits déjeuners prenaient des heures, et je ne vous parle pas des séances d’habillage… Vous savez ? quand vous devez partir cinq minutes plus tard et qu’il en est encore au choix de ses chaussettes et que ses affaires ne sont pas encore prêtes ? 
- Je crois comprendre, oui.
- Eh bien, un jour, à table – il devait avoir six ou sept ans- nous discutions des qualités humaines.  Il souhaitait savoir ce qu’on entendait par ce mot. Je lui expliquai alors en lui donnant quelques exemples.  Alors, une fois qu’il eut compris ce que ça voulait dire, il me dit « Alors, moi, j’ai une qualité ». « Ah oui ? Laquelle ? » « La tortuance ! » fit-il la mine réjouie, ravi à la fois d’avoir compris ce qu’était une qualité et de m’envoyer un message sur les nombreux avantages que pouvait présenter la lenteur.
- Votre enfant est un sage, assurément ! fit l’escargot ravi de voir qu’il existait dans l’espèce humaine des sujets sensibles à sa propre philosophie. On pourrait parler aussi de lentitude ou d’escargotance. Mais je vous accorde que tortuance est fort bien trouvé.
- N’est-ce pas ? fit le voyageur très fier de la trouvaille de son fils.
- Bon. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. J’ai des choses à faire, fit l’escargot en entamant un demi-tour acrobatique sur le bord de la terrasse.
- Attendez ! l’interrompit le voyageur.
- Quoi donc ?
- Dites-moi. Je peux vous demander si vous vous considérez plutôt comme un sédentaire ou comme un nomade ?
- Je ne me suis jamais posé cette question. A votre échelle, vous vous dites surement que je ne quitte jamais ce jardin. A mon échelle, je ne crois pas connaitre tous les recoins de cet endroit. Son exploration complète, c’est une vie pour moi. Ce que je peux vous dire c’est que je ne suis que rarement immobile et que ce qui m’anime, c’est le mouvement, même s’il est lent. Mais, ça, c’est une question de perception et de point de vue, n’est-ce-pas ?
L’escargot, après avoir souri – enfin, c’est ce qu’il semblait au voyageur- se retourna et entreprit de descendre la première marche de l’escalier qui le ramènerait dans son jardin.

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Copyright Yann Coirault 2018, Ilustrations Karine Saigne 2018

dimanche 9 décembre 2018

"Sagesses nomades" (extrait) - La fourmi : Partager-

Après le café, le voyageur prit congé en le remerciant chaleureusement de son accueil, de la qualité de sa conversation et du festin qu’il lui avait préparé. Un peu sonné par le bon vin qu’il avait bu, le voyageur monta dans sa chambre. Une fois arrivé dans sa chambre le voyageur se déshabilla et s’allongea sur le lit pour se reposer. Une petite voix se fit tout à coup entendre.
-Eh ! Oh ! Monsieur ! Vous pourriez vous enlever s’il vous plait ? J’étais là avant vous.
Le voyageur, un peu surpris, mais un peu habitué maintenant, se releva, ôta le duvet du lit sur lequel il était allongé et découvrit une petite fourmi.
- Je suis désolé. Je ne vous avais pas vu. Vous êtes petite, remarquez.
- Je comprends mais, vous savez, ce n’est pas très correct de vous étendre là où je me trouvais déjà : si tout le monde faisait comme vous, on aurait pas fini de changer de place.
- Ne le prenez pas mal surtout, mais j’ai juste une remarque : ceci, sauf si je me trompe, n’est pas une fourmilière, fit-il en montrant le lit
-Oui, je sais mais notre fourmilière a été détruite probablement par un de vos congénères et maintenant on est obligées de trouver de la place là où il y en a, et là, c’est tombé sur votre lit.
- Bon ! Je suis sûr qu’il y a de la place pour un homme et une fourmi dans ce lit, vous ne pensez pas ? Si je fais attention à ne pas vous écraser et si vous avez la gentillesse de ne pas me mordre, je pense qu’on peut passer une bonne nuit.
- D’accord. Je vais plutôt me placer en bordure du lit pour ne pas vous gêner et ne pas risquer d’être écrasée. Au fait, que faites-vous ici ?
- Je voyage et j’ai une blessure au pied. Le médecin chez qui nous sommes me soigne et m’héberge gentiment le temps que ça aille mieux.
-C’est très hospitalier, dit la fourmi.
- C’est vrai qu’ici je bénéficie à la fois des soins et de l’hospitalité du médecin. Vous avez des endroits dans vos fourmilières pour les fourmis malades ?
-Non. En fait, quand l’une d’entre nous est malade, elle est d’abord soignée par les autres qui répandent sur elle de notre acide qui désinfecte très bien, puis elle sort de la colonie pour se soigner et éviter d’infecter les autres. -
Ah oui ? Je ne savais pas que votre acide était aussi un bon désinfectant.
- Il nous sert à nous défendre et à nous soigner aussi. C’est un produit très utile. Car pour ce qui concerne la maladie, nous partageons tout mais pas les bactéries qui pourraient décimer l’ensemble de notre communauté. Alors, nous prenons soin de nos fourmis qui semblent infectées avant de les isoler.
- Nous avons aussi des endroits spéciaux où soigner nos malades lorsque c’est trop grave. Mais heureusement vous semblez en bonne santé et de mon côté, cela va beaucoup mieux grâce aux soins de mon hôte. Maintenant, si cela ne vous dérange pas, je vais dormir ; je dois encore me reposer afin d’être en forme demain matin pour mon départ. Merci pour notre discussion. C’était très intéressant. Je suis ravi de partager mon lit avec vous. J’espère que vous pourrez vous reposer tranquillement et en toute sécurité.
- J’en suis sûre. Je partirai probablement au jour levant pour tenter de retrouver ma communauté. Bonne nuit cher voyageur.
Le voyageur en se retournant dans son lit, poursuivit ses pensées.
Comme l’espace ne peut lui appartenir et surtout parce qu’il ne s’y intéresse pas, le nomade partage son espace sans volonté d’appropriation. Le nomade lorsqu’il plante sa tente, ne considère pas que cet espace lui appartient : cet espace devient un lieu d’accueil.
Cela lui rappelait un voyage qu’il avait fait en Inde du Nord, au Ladakh. Un jour, en fin d’après-midi, après avoir installé le campement, il s’en alla se promener avec deux autres compagnons de trek dans le village où ils avaient fait escale. Leurs pas les emmenèrent vers un jardin où une femme était en train de travailler : elle nettoyait les canaux d’irrigation de son champ à l’aide d’une bêche les herbes folles et les mottes de terre afin de restaurer les canaux d’irrigation. Sa fille était assise sur un muret et l’attendait patiemment. Ils restèrent quelques minutes avec la petite fille et sa mère essayant d’échanger quelques mots d’anglais. Après avoir visité le village, ils rebroussèrent chemin. Quelques maisons plus loin, ils virent en contrebas de la route deux femmes sur une terrasse qui leur faisaient de grands gestes. En s’approchant, ils reconnurent la femme avec qui ils avaient échangé peu de temps avant. La petite fille sortit d’ailleurs de la maison à ce moment-là pour leur confirmer qu’ils ne se trompaient pas. La mère leur fit signe de venir. Ils s’avancèrent timidement pour entrer dans la maison, précédés de leur hôte. A l’intérieur, la deuxième femme, plus âgée, qui s’avéra être la grand-mère, les accueillit avec un grand sourire et leur fit signe de s’installer sur un petit banc recouvert d’un tapis. Sur une petite table, elle installa quelques biscuits pendant que sa fille leur préparait du thé. La petite fille timide se cachait dans les jupes de sa mère. La grand-mère ne parlait pas l’anglais mais sa fille se débrouillait assez pour pouvoir échanger. Les compagnons de trek apprirent que le mari était loin d’ici et que la femme avait un fils qui allait à l’école dans une ville lointaine. Ils entendirent alors la femme leur dire qu’ils étaient pauvres et que l’école coutait cher, en tous cas, c’est ce qu’ils crurent avoir compris. Avant de prendre congés, le voyageur, prit quelques billets de son portefeuille pour les offrir à la dame. Un peu surprise, peut-être un peu offusquée, la femme refusa, expliquant qu’elle ne voulait pas d’argent, qu’ils avaient bien assez d’argent pour vivre. Un peu honteux, il balbutia des excuses et remit les billets dans son portefeuille. Les adieux furent emplis d’émotion et c’est les larmes aux yeux que les voyageurs quittèrent la maison. Ils se promirent de les remercier un jour de ce moment magique.
Cette famille à l’esprit nomade les avait reçus chez elle, avait partagé leurs biens, leur intimité, leur nourriture, leur sourire. Dans ses recherches, le voyageur avait découvert que la racine étymologique du mot nomade- nomos-  comprenait à l’origine une loi de répartition des terres. Le nomade partage l’espace avec ses congénères ; il ne partage pas « son » espace, il partage l’espace disponible. Ce qui avait comme conséquence de diminuer naturellement le sentiment de ce pouvoir souvent imbécile lié à la propriété du lieu. Le nomade a un réflexe naturel de partage : partage de l’espace mais aussi partage des ressources, partage des émotions et partage des connaissances.  Le voyageur avait toujours vérifié cela : les nomades ou tout du moins, les personnes à l’esprit nomade, partageaient d’abord leur espace - aucune difficulté pour offrir une place pour la nuit - partageaient leur repas avec plaisir, et partageaient ce qu’ils savaient de ce qui les entouraient, de leur culture, de leur histoire. A contrario, le voyageur avait été confronté à des « sédentaires » qui lui avaient refusé de l’eau par un après-midi de canicule et alors qu’il se trouvait à plus de trois heures de marche du village le plus proche…« Puissions-nous retrouver cet esprit de partage et de liberté dans nos civilisations si marquées par la propriété et l’asservissement » pensa le voyageur.


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lundi 3 décembre 2018

Sagesses Nomades (Extrait) - Le moustique : Rester vigilant

La nuit tombait et le voyageur hâta le pas vers un vallon qu’un randonneur lui avait indiqué et où, lui avait-il dit, il trouverait un abri confortable. Une fois arrivé, l’accueil qu’il reçut le réconforta : l’endroit tenait ses promesses. Toutefois et sans savoir pourquoi, ses sens se mirent aux aguets. Il s’installa dans le gîte, prit une douche et attendit que le repas fut servi, en repensant à sa journée.
Une cloche se fit entendre pour signifier aux voyageurs que le repas était servi. Plus de dix convives se rassemblèrent autour de la table. La nourriture était bonne et abondante. Les discussions s’entrechoquaient. Les rires fusaient. L’ambiance devenait pourtant électrique mais, il semblait que personne ne s’en apercevait.  Tout à coup, un orage éclata. D’un bond, notre voyageur fut debout. Il fonça au premier étage où il avait laissé ses affaires. Il surprit un des convives qu’il n’avait pas vu quitter la table, en train de fouiller dans son sac.
- Que faites-vous là ? lança-t-il
L’autre, sans attendre, lâcha tout et partit en courant. Il le poursuivit jusque dehors où la pluie commençait à tomber à verse. Le voleur disparut dans la nuit.

- Être sur ses gardes reste une qualité indispensable lorsqu’on n’est pas chez soi, n’est-ce pas ?

Quelqu’un dans le noir lui avait lancé cette question, comme s’il savait ce qui s’était passé depuis le début de la soirée. Le voyageur orienta le faisceau de sa lampe vers le coin de la pièce d’où provenait la voix. A sa grande surprise, il ne vit personne. Il mit cette hallucination sur le compte de la fatigue et alla se coucher. Dès qu’il éteignit la lumière, il entendit le bruit caractéristique d’un moustique. Après plusieurs tentatives pour tuer le dérangeur, il entendit la même voix lui dire dans le noir ;

- Être sur ses gardes reste une qualité indispensable, vous ne trouvez pas ?
- Vous voulez parler de vous ou de moi ? s’entendit-il répondre.
- De vous, de moi, de tout le monde, dès lors qu’on n’est pas chez soi, répondit la voix.
- C’est vrai ! D’ailleurs tout à l’heure, heureusement que j’étais sur mes gardes ! Encore un peu, et je me faisais voler !
- Et moi, heureusement que j’étais sur mes gardes, sinon c’est vous qui m’écrasiez contre votre épaule !
Le moustique lui adressait la parole. Notre homme, interloqué chercha à en savoir plus.

- Et pourquoi vous me dites ça ? lui dit-il.

- Seulement pour discuter un peu. On n’a pas toujours l’occasion de discuter avec un spécialiste de la mobilité et de l’adaptation.

- Ah bon ? Je suis un spécialiste de la mobilité et de l’adaptation ?

- Bien sûr. Vous bougez tous les jours et vous devez vous adapter en permanence. Et moi aussi.

- Comment savez-vous ça ? fit le voyageur.

- Ça se voit. Vous avez un gros sac sur le dos.

- Ah ?! Vous avez remarqué cela ?

- Oui. Bien sûr. Nous n’avons pas nos yeux dans nos ailes, fit le moustique en les faisant vrombir.

Après avoir changé de position pour se rapprocher du marcheur, le moustique reprit- Savez-vous que nous sommes les champions de l’adaptation aux insecticides que les services sanitaires essaient de mettre au point pour lutter contre nous ? Nous nous adaptons très vite en opérant des mutations
- Et vous faites ça pour ne pas mourir n’est-ce pas ?

- Bien sûr, mais pas seulement.

- Là, vous m’intéressez beaucoup, cher ami moustique ! Et pour quoi d’autre alors ?

- Pour progresser bien sûr ! Jour après jour, épreuve après épreuve, dès que nous résistons en mutant, nous apprenons et en apprenant, nous progressons.

Le voyageur hocha de la tête et s’exclama.

- Moi aussi, je fais ça quand je marche, bien sûr. J’apprends tous les jours de mes épreuves.
- N’est-ce pas ? dit le moustique.
- C’est une belle leçon que vous venez de me donner là ! Merci beaucoup, fit l’homme.
- Et vous, que pouvez-vous m’apprendre sur l’adaptation pour que je progresse encore? s’amusa le moustique.
L’homme réfléchit et prit un air grave en repensant à ce que lui avait dit le héron.

- S’adapter, c’est aussi vivre la solitude. Je crois que modifier sa manière de faire est un acte très solitaire. Nous nous retrouvons tous face à nous-mêmes à l’heure du changement.

Le moustique leva les yeux au ciel en marque de réflexion, puis hocha sa trompe en signe d’approbation.

- C’est bien vrai ce que vous venez de dire là, Monsieur ! lança l’insecte. Cela va nourrir ma nuit, et bien plus que l’échantillon d’hémoglobine dont je vous aurais volontiers allégé. Je vous souhaite un sommeil réparateur, cher voyageur !

Notre homme entendit le moustique quitter la chambre. Avant de s’endormir, il prit son carnet et inscrivit ces mots à la suite de ceux qu’il avait écrits tout à l’heure : Rester vigilant

Satisfait, il éteignit la lumière et s’endormit très vite."

Copyright Yann Coirault 2018


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